Grippe A/H1/N1 [débat du 1er au 8 Septembre 2009]

02/09/2009 16:55

Lorsqu'on est journaliste, il est difficile ces jours-ci de ne pas se faire interpeler à cause de la grippe A/H1N1. C'était mon cas lors d'un exposé que j'ai réalisé voici quelques jours devant des dirigeants d'entreprise. Ce qu'ils m'ont dit reflète en partie ce que j'entends parfois d'autres personnes : une fois de plus, les médias exagèrent les conséquences de cette grippe. En gros, après avoir exagéré les effets de la crise, ils seraient également responsables de la peur liée à la grippe.

A l'heure actuelle, c'est vrai, cette grippe a fait moins de victimes que la grippe classique ou que le paludisme, qui tue 1,3 million de personnes par an et dont personne ne parle. Mais il faut savoir que, bien souvent, les médias ne font que relayer les mesures prises par nos dirigeants. Ceux-ci agissent en fonction du principe de précaution - en clair, penser au pire, même s'ils estiment au fond d'eux-mêmes que celui-ci n'aura pas lieu. N'oubliez pas qu'un homme politique est rapidement mis sur la sellette si l'opinion publique découvre qu'il n'a pas fait le nécessaire en matière de santé publique.

Vous êtes sceptique ? Les politiques, eux, ne nourrissent aucun doute à ce sujet. Ils se souviennent tous de ce ministre français de la Santé, interviewé dans son jardin en polo et qui, de bonne foi, minimisait l'impact de la canicule en 2003. Manque de chance, la canicule a fait 70.000 morts en Europe, dont 20.000 en France. Depuis lors, tous les hommes politiques ont le «trouillomètre à zéro».

A l'inverse, l'industrie pharmaceutique a plutôt le moral au zénith. Les laboratoires européens et américains font la course pour ravir la plus grande part de marché du vaccin de la grippe A/H1N1. Cette formulation peut paraître cynique mais c'est la vérité. L'industrie pharmaceutique, qui souffre depuis l'arrivée des médicaments génériques, s'est recentrée sur les biotechnologies et en particulier les vaccins. Pour la simple raison qu'un vaccin n'est pas «génériquable» !

Une firme comme Sanofi Pasteur règne déjà sur 40 % du marché mondial des vaccins, affichant un chiffre d'affaire de 736 millions d'euros dans un secteur jugé souvent sans risque. C'est en quelque sorte l'avantage de la grippe A/H1N1 : les Etats prennent commande, il n'y a pas de stocks ni d'invendus. La meilleure preuve de cette «martingale», c'est que l'action Sanofi Pasteur a déjà surperformé l'indice Cac 40 de la Bourse de Paris de l'ordre de 20 points. La peur des uns fait le profit des autres...

 

Sources : https://www.trends.be/fr/chronique-economique/12-1285-48860/grippe-a-h1n1---a-qui-profite-la-peur--.html

© 2009 Tous droits réservés.

Créer un site internet gratuitWebnode